Comment aider nos enfants à grandir ?

10/5/2021

Quel cadre donner à nos enfants?

I. Quelles sont les conséquences du système de punition-récompense?


Nous avons souvent nous-mêmes reçu une éducation basée sur les punitions et les récompenses. Nous pouvons donc avoir le réflexe de reproduire ce schéma.

Pourtant, ce système d’éducation induit chez l’enfant des motivations externes. Or il semble plutôt que, pour apprendre à agir en conscience, notre enfant ait plutôt besoin de motivations internes.

Le fait d’avoir des récompenses ou des punitions coupe l’enfant de sa propre satisfaction de ce qu’il vient d’accomplir. Pensons à l’enfant qui fait ses premiers pas. Est-il animé par une récompense ou l’évitement d’une punition? Ou plutôt par le désir profond de se déplacer? Ce désir vient de lui-même. Et aucune récompense ne pourra remplacer ce bonheur intense qui vient d’une motivation intrinsèque. Ce bonheur vécu encourage l’enfant à se lancer à nouveau et à aller jusqu’au bout de son objectif.


De plus, ce système de punition-récompense peut, selon Thomas D’Ansembourg, entraîner de la division: 

-« si vous avez tort, vous méritez de souffrir et donc d’être puni et exclu du groupe »

- « si vous avez raison, vous méritez une récompense extérieure et une motivation externe »

Alors une question fondamentale se pose: que veut-on transmettre à nos enfants?

Voulons-nous qu’ils agissent pour nous faire plaisir ou pour ne pas être exclus? Ou désirons-nous que leur action soit enclenchée par une motivation interne: qu’ils décident par eux-même de faire telle ou telle chose? Car cette action leur permet de se respecter eux-mêmes et de respecter les autres.


.II. Comment dépasser le système de punition-récompense ?


L’enfant a besoin d’un cadre dans lequel il peut évoluer en toute sécurité. A l’intérieur de ce cadre, il y a ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas car:

  • Cela est dangereux pour soi et/ou pour son entourage 
  • Cela est irrespectueux pour soi-même et/ou pour son entourage
  • Cela ne respecte pas les codes sociaux de la société et/ou de la famille
  • Cela sort du cadre des valeurs propres à la famille


Comment établir ce cadre sans punition ni récompense? 

  • en étant « relié à mon enfant ». Il s’agit là de la CNV: Communication Non Violente. « Le processus de la Communication Non Violente intègre la pensée, le langage et la communication dans son ensemble qui, je pense, nous rapproche de notre vraie nature. La CNV nous aide à nous relier les uns aux autres pour retrouver le plaisir de vivre, le plaisir de contribuer au bien-être de l’autre. » (Marshall B. Rosemberg)

« Nous n’agissons pas par devoir ou par obligation, non par crainte de la punition ou dans l’espoir d’une récompense, non par honte ou par culpabilité, mais pour une raison que je considère être notre vraie nature: par plaisir de donner à autrui. En Communication Non Violente, nous aspirons à nous relier aux autres afin que notre vraie nature puisse s’exprimer. »

Cela rejoint le message de Thomas d’Ansembourg: il est important de développer des échanges qui nourrissent et renforcent le Nous et qui considèrent l’autre comme un interlocuteur à part entière, quel que soit son âge.


Les quatre étapes de la CNV:


Les quatre étapes du processus de la CNV se basent sur l'expression et l'écoute.

Qu'il s'agisse de clarifier ce qui se passe en soi ou de communiquer avec d'autres, la méthode de la CNV peut être résumée comme un cheminement en quatre temps :


  • Observation (O) : décrire la situation en terme d'observation partageable ;

Sentiments et attitudes (S): exprimer les sentiments et attitudes suscités dans cette situation ;

  • Besoin (B) : clarifier le(s) besoin(s) ;
  • Demande (D) : faire une demande respectant les critères suivants : réalisable, concrète, précise et formulée positivement. Si cela est possible, que l'action soit faisable dans l'instant présent. Le fait que la demande soit accompagnée d'une formulation des besoins la rend négociable.


Cependant, il ne s'agit pas d'une manière de parler qu'il faudrait suivre à tout prix. Les concepts proposés sont des repères, destinés à faciliter l'expression de la bienveillance, et non pas des règles à suivre. 


Dans une situation de communication, l'ordre de présentation des étapes est indifférent : on peut très bien commencer par exprimer ses sentiments (S), générés par une situation (O), puis parler de ses besoins (B) pour présenter une demande (D). L'important est de présenter toutes les étapes.


Exemple: Quand je vois tes chaussures dans le salon, je suis tendue car j’ai besoin que notre pièce de vie commune soit rangée. Je te demande donc de ranger tes chaussures dans le vestiaire.

Dans cette marche, l’utilisation du « je » est très importante: « JE te demande de ... ». De plus, il s’agit de demander à l’enfant ce que nous voulons qu’il fasse et non pas ce que nous ne voulons pas qu’il fasse. Le jeune enfant ne comprend pas encore très bien la négation, il aura alors tendance à faire ce que nous lui demandons de ne pas faire!

Pour les plus grands, cette demande positive sera plus efficace également car plus directe.


.III. Les conséquences réparatrices


Et si nous tentions d’apprendre à nos enfants ce qu’est la véritable liberté: non pas la possibilité de faire tout ce que l’on veut mais plutôt le fait d’agir en conscience. Chaque acte a une conséquence sur moi-même ou sur l’autre. Par exemple: si mon enfant se couche tard alors il sera fatigué le lendemain; si un de mes enfants tape son frère, alors son frère aura mal. Il est important de faire prendre conscience à mon enfant de ces conséquences.


Afin de donner un cadre sans punir ni promettre une récompense s’il ne fait pas l’acte interdit, nous pouvons donner à notre enfant des conséquences réparatrices. Il s’agit d’une action que l’on demande fermement de faire à l’enfant; cette action est en lien avec l’acte répréhensible de l’enfant. Par exemple, si notre enfant a cassé la construction de son frère, nous pouvons lui demander de la reconstruire. Pour les plus grands, nous pouvons leur demander d’écrire un petit texte sur l’acte commis. 


Prenons l’exemple de « taper mon frère parce qu’il a pris mon jouet »: nous pouvons alors demander à notre enfant d’écrire un texte en explicitant pourquoi cet acte est inacceptable et comment il pourrait faire pour exprimer autrement  son mécontentement. Il serait bon d’accueillir au préalable ce mécontentement en montrant à notre enfant que nous le comprenons.

Nous pouvons aussi demander à notre enfant de chercher dans le dictionnaire un terme qui définit l’attitude qu’il vient d’avoir comme par exemple: « impertinent »; quel sont les synonymes et les antonymes (et donc les actes acceptables)?


Nous faisons cela en classe de 6-12 et il nous semble que cela permette aux enfants d’intégrer les répercussions de leurs actes et de chercher des solutions pour agir autrement.


.IV. Différentes sources sur ce sujet

 

  1. Livres
  • « Notre façon d’être adulte fait-elle sens et envie pour les jeunes? » Thomas D’Ansembourg
  • « Être parent en pleine conscience » Myla et John Kabat-Zinn
  • « Le refus de grandir » Le syndrome de Peter Pan
  • « Les mots sont des fenêtres » Marshall B. Rosemberg
  • « Petit cahier d’exercice de la communication non violente avec les enfants » Anne Van Stappen


  1. Conférences sur YouTube 


  1. Ateliers 

Ateliers des parents-Auxerre proposés par Benjamine Leboucher, Formatrice en communication interpersonnelle et développement personnel. 06-16-76-34-28. Becom@hotmail.fr 


Perrine Becker, psychologue de l’école ÉLISE 





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