A la recherche du temps gagné !

14/1/2021

Depuis 3 semaines, nous ne vivons plus au rythme habituel que nous nous étions fixés : “boulot, métro, dodo” . Notre temps est désormais le temps “naturel”, dénué de tout artifice, celui qui laisse de la place à l’observation et à l’ennui. Celui des silences, des pauses, loin des courses effrénées qui nous occupaient tant avant.


Finalement le temps d’une vraie respiration profonde et lente, infiltrant l’oxygène jusqu’aux moindres parties de notre corps et nous faisant ressentir vivant de part en part.

Le COVID, maladie respiratoire, nous fait prendre conscience de l’importance de ce “droit à respirer”.

Au sens propre, bien sûr, nous avons besoin de respirer pour vivre. Ce souffle inconscient qui nous parcourt et rythme nos vies passent tellement inaperçu que nous l’oublions, et à moins de pratiquer du sport, du yoga, de la danse, de la méditation…il est pour nous raccourci, écourté, parfois stoppé, car jamais pleinement conscientisé.

Au sens figuré, ce droit à la respiration, c’est aussi le droit de souffler, de déposer nos angoisses, nos contraintes, nos peurs au pied de notre porte, de repartir plus léger, de faire cette pause si longtemps attendue et tellement ressourçante.

Respirer pour “de vrai” c’est aussi dialoguer, de l’un à l’autre, de moi à moi même, de l’autre à l’autre. Re-respirer c’est nous donner une chance de parler en vérité à nouveau, et ce d’autant plus dans notre cercle familial.



Notre nouveau rapport au temps peut être perturbant, mais il est réel. Il nous renvoie aux forces du cosmos, aux lois de la nature qui nous dépassent. Acceptons-le, ne nous battons pas. “C’est comme ça !”, ne nous résignons pas, mais profitons-en pour savourer avec nos enfants les journées confinés.

Comment s’y prendre ? Avec un minimum de structuration, donner des heures de travail aux enfants et les respecter, prévoir quelques activités pratiques et ludiques, garder un rythme mais ralenti pour que l’enfant puisse se sentir en sécurité et qu’il ne soit pas complètement déboussolé par la situation. D’ailleurs si on regarde bien, les enfants se sont bien adaptés à la situation, c’est plutôt nous les adultes qui en souffrons !

Nous sommes passés de l’immédiateté au temps du désir.

Ce désir insatiable, qui fait que l’homme est homme, cette volonté illimitée qui se heurte à notre logique, notre raison. Oserons nous savourer le temps ?


Nous nous réapproprions l’attente, et nous l’acceptons, nous ne tentons pas de nous y opposer, nous savons que l’issue peut être heureuse et porteuse de fruits. Pour nos enfants, l’attente est souvent insupportable. Alors profitons de ce temps de confinement pour les éduquer à l’attente et leur faire savourer ce temps qui ne rendra que meilleur le résultat.

Cette perception du temps si différente amène aussi une réflexion sur le respect des rythmes naturels de l’enfant, très important dans la philosophie de Maria Montessori. Pour que l’enfant se développe correctement, il faut que le journée puisse lui permettre des temps de repos, de pause, des plages horaires de sommeil assez longues…

Cette tranquillité retrouvée sera certainement bénéfique quand le “rythme” post confinement reprendra, il faudra garder en tête les bienfaits que nous avons pu tirer de ces silences et ces temps donnés.


Enfin ce temps “écartelé” nous permet de faire un grand tri, un grand ménage de printemps ! Je crois que cette expression n’a jamais aussi bien porté son nom. Beaucoup d’entre nous se sont lancés dans des rangements, tris, de toute leur maison, réparations diverses, toutes les choses que nous avions mises de côté et qui finalement passaient à la trappe. Nous nous sommes attelés à la tâche, et nos armoires se sont vidées, quel soulagement ! Nous sommes repartis l’esprit léger vers d’autres aventures de confinement. Ce tri très matériel, permet un autre tri, un tri intellectuel. C’est une aide au discernement. Peut être pouvons nous réfléchir à ce qui nous fait sentir vivant en ce moment ? Puis faire une liste de ce à quoi nous sommes attachés et que nous voudrions vraiment garder, nos “essentiels” ? Enfin, réfléchir à ce qui ne nous manque pas tant que ça, ce dont nous pouvons nous libérer ?


Alors peut être, ce temps qui change, qui nous rend plus libre, qui n’est plus le temps du faire...peut être qu’il nous rend humble. Nous redescendons sur Terre, nous touchons à l’essentiel. Nous redevenons de la matière organique, brute, nous sommes nous mêmes.


Vive le temps libre ! Libéré de toutes nos fausses contraintes et célébrons le temps du changement, le temps retrouvé de l’émerveillement !

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